Lectures

Lectures de l’été

J’ai pu reprendre un certain rythme de lecture cet été, encore inférieur à mes habitudes, mais cependant plus soutenu. Malheureusement, je n’ai pas été transportée par la plupart des ouvrages lus, à quelques exceptions près.

Revue de détail : 

  • Les couilles sur la table – Victoire Tuaillon 

Celui que j’ai le plus aimé, j’en ai du reste parlé dans mes favoris, donc je ne vais pas m’étendre à nouveau. Si vous aimez le podcast du même nom, allez-y les yeux fermés, le livre est un bon résumé de toutes les notes que vous auriez pu prendre au fil des épisodes, regroupées par thématiques. C’est dense, documenté, écrit de façon inclusive, un régal.

Si vous ne connaissez pas son podcast,  courez l’écouter.

  • Le 21ème homme – Aurélie Lévy  

J’avais entendu parler de ce livre dans un podcast, et le sujet, une série d’échanges informels avec 21 hommes de milieux très divers sur leur masculinité, me paraissait prometteur.

L’autrice, également réalisatrice de documentaires, a réussi à réunir et faire parler des hommes sur la base d’une série de questions portant notamment sur leurs rapports aux femmes, sur ce qui les blesse, leur rapport à l’argent, à la position sociale, à la parentalité, et toutes autres sortes de sujets actuels.

Le livre se présente comme une série d’interviews écrites, dans lesquelles l’autrice prend également une certaine place, livrant par moment son ressenti sur les confidences qui lui sont confiées.

Certains témoignages sont plus touchants que d’autres, comme celui de Philippe, papa d’un enfant malade.

Néanmoins, le côté récurrent de certaines questions fait que l’on finit par s’y ennuyer un peu, et que l’on ne parvient plus vraiment individualiser les récits. Il y est souvent question de tromperie, homme trompant ou homme trompé, mais sans que cela ne donne lieu à une vraie réflexion sur ce que pourrait être un couple désirant qui dure.

On retrouve bien sur beaucoup de poncifs sur la répartition des tâches, sur l’éducation reçue.

Ce qui m’a le plus perturbée à la lecture, ce sont les interventions de l’autrice pendant l’interview, pour donner son opinion sur la relation. Son positionnement à mi-chemin entre psy et amie n’était pas à mon sens, suffisamment extérieur, et cela m’a dérangée.

Ex : « tu peux aussi tomber amoureux. L’homme fragilisé peut aussi tomber amoureux. (…) Tu es sans doute trop fragilisé. Tu risques de sortir avec des femmes et de les faire souffrir parce que tu n’as pas vraiment de place pour elles. »

« Quelle torture. En même temps, elle était en train de vivre quelque chose qui lui appartenait. Vous êtes ensemble depuis très longtemps…Je n’excuse rien. J’entends ta souffrance. Je pense qu’elle avait besoin de se sentir vivre. De découvrir une autre part d’elle-même. »

On sent que l’autrice est en train de chercher quelque chose qui fasse écho à sa situation personnelle au travers de ces interviews et je crois que ce parti-pris m’a un peu perdue, là où j’aurais attendu plus d’objectivité, et le fait de creuser certains sujets.

Enfin, elle évoque plusieurs fois « la part maternelle », « on ne lui permettait pas d’être maternel », pour des hommes. Pourquoi dans ce cas ne pas employer le terme « paternel » ? Soit l’adjectif décrivant la capacité des hommes à s’occuper de leurs enfants.

Je ne sais pas si vous avez déjà entendu cette anecdote, que je trouve si belle. Un petit garçon jouait à la poupée à la garderie, et une maîtresse vient lui dire « alors tu joues à la maman ? » ; et le petit de lui répondre, le plus naturellement du monde « non je joue au papa ».

Bref, je m’égare.

  • Sortir du trou – lever la tête – Maïa Mazaurette 

Le fond est bon mais la forme ne m’a pas séduite, serait mon résumé succinct. En réalité, je suis un peu désolée d’avoir à faire une relativement mauvaise revue à ce livre, j’ai failli ne pas le mettre dans la liste, tellement j’aurais aimé aimer. 

J’avais entendu Maia Mazaurette dans plusieurs podcasts et j’avais beaucoup apprécié son propos. J’avais donc très hâte de lire son livre. Malheureusement, si on trouve quelques bonnes idées, je n’ai pas été emportée par la lecture, bien au contraire.  

Le pitch est le suivant : la sexualité d’aujourd’hui est assez peu réjouissante tant pour les hommes que pour les femmes. Soit elle disparait avec le temps entre les couples installés, soit on s’ennuie. De ce que je peux entendre de droite et de gauche parmi mes ami.es marié.es, je plussoies.  

La solution : réinventer le sexe, lui donner une vraie place, et y investir du temps et de l’imagination, à deux. Là encore, 100% d’accord.   

La première partie du livre est consacrée à « sortir du trou », soit déconstruire l’idée selon laquelle les femmes ne sont qu’un « trou ». Non, notre organe sexuel ne se résume pas à un trou, il est beaucoup plus complexe que cela. On y parle de la méconnaissance de l’organe sexuel féminin, du fait que considérer les femmes « comme des trous » n’est guère à même de garantir une vie sexuelle épanouie.

La deuxième partie « lever la tête » contient des pistes de solution pour réinventer sa sexualité.  

Une critique toute personnelle est que je n’ai pas appris grand-chose, j’aime que les ouvrages qui se veulent des essais soient documentés, et que des sources soient citées, ce qui n’est pas le cas ici.

Mais ma critique majeure concerne le style, si pataud que j’en venais à passer de longs passages. L’autrice se sent obligée de nous faire part de toutes les pensées qui lui traversent la tête entre parenthèses, comme si son propos principal n’était pas suffisant et que nous n’allions pas le comprendre.

Ex : « Je ne crois pas qu’il existe de fatalité à ce sujet (certains couples le démontrent brillamment) : d’abord parce qu’on peut découpler le désir de son aspect purement visuel (si on le réincorpore dans le domaine du toucher on ne vieillit pas), ensuite parce que la question de l’ennui est une question de répertoire (et l’objet de cet ouvrage est notamment de démontrer que nous nous trompons de question quand nous parlons d’ennui). »

«  Et quand la négociation ne fonctionne pas ? Déjà ça arrive (voyons le verre à moitié plein : la négociation fonctionne plus souvent en sexualité qu’en géopolitique) »

Un professeur de lettres m’avait mise en garde un jour contre l’usage trop fréquent de parenthèses et de guillemets. J’ai trouvé que ce conseil trouvait à s’appliquer ici, et que le texte aurait eu plus de force sans toutes ces trop nombreuses parenthèses.

  • L’énigme de la chambre 622 – Joël Dicker 

Un écrivain en mal d’amour, ayant perdu son éditeur, se lance dans la résolution d’un crime non élucidé, ayant eu lieu dans un hôtel genevois. L’intrigue prend place dans le milieu bancaire suisse, entre luttes de pouvoir et amours contrariées.   

Mon bilan est également assez mitigé pour ce dernier roman de Joël Dicker.

Il se lit facilement, j’étais vraiment contente de le retrouver et impatiente malgré tout de connaitre la fin. Du plaisir à la lecture donc et aucun ennui.  

Toutefois, l’intrigue est vraiment capillotractée, même s’il s’agit d’un roman, on aurait aimé un peu plus de véracité sur le milieu bancaire suisse, qui nous est dépeint comme assez folklorique et plein de personnalités quasi enfantines, à l’instar de Macaire Ebenezer, héritier de la famille, et supposé reprendre la banque, alors qu’il n’a visiblement aucun intérêt dans son métier. Celui-ci tient, comme un petit garçon, un cahier écrit avec de l’encre sympathique (expérience faite personnellement quand j’avais 7 ans), persuadé qu’il est d’appartenir aux services secrets suisses.  

On voit un peu venir une partie de la résolution de l’intrigue (attention mini-spoiler : si un personnage porte un nom improbable, il convient de s’interroger sur lui) et certains passages sont vraiment longs. Il y a aussi ce problème d’allers-retours dans le temps, qui fonctionneraient s’ils n’étaient pas si nombreux, si récurrents, et faisant alterner des périodes si différentes. On finit par s’y perdre.  

En bref, pas le meilleur opus de Dicker pour moi, alors que j’avais vraiment beaucoup aimé La disparition de Stéphanie Mailer par exemple.

  • La vie mensongère des adultes – Elena Ferrante 

Ayant dévoré l’amie prodigieuse, j’attendais avec impatience le dernier opus de l’italienne Ferrante. Le livre dépeint les atermoiements de Giovanna, adolescente napolitaine vivant chez ses parents, qui va aller à la rencontre de la sœur de son père Zia Vittoria, à laquelle celui-ci ne parle plus.  

On retrouve le thème de l’adolescence cher à l’autrice, de cette période où l’on se cherche, où chaque expérience, chaque discussion peut être déterminante sur notre façon de voir le monde, où tant de questionnements nous assaillent.  

A travers sa rencontre avec une partie méconnue de sa famille, Giovanna va remettre en question certains des dogmes prônés par ses parents, et découvrir ainsi leur vie mensongère.  

Si j’ai apprécié les personnages et l’ambiance, j’avoue avoir été un peu moins emportée que lors de la lecture de l’Amie prodigieuse.

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