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Les Beaux-arts de Paris

Comme vous l’avez peut-être vu dans les stories Instagram, j’ai eu l’occasion cette semaine d’aller à une soirée organisée dans les locaux de l’école des Beaux-Arts de Paris, rue Bonaparte, dans le très chic 6ème arrondissement.

Si je connaissais l’école de nom, je n’en avais jamais franchi les portes.

Ce fut l’occasion de se poser toutes sortes de questions sur les conditions d’admission dans l’Ecole, l’histoire de ses bâtiments, ses collections, et le fameux prix de Rome.

La première chose qui étonne lorsqu’on pénètre aux Beaux-Arts, c’est cette architecture et ce bâtiment si spécial, si composite. Tout de suite sur la droite se tient une chapelle, ce qui n’est pas courant dans une école.

Pour cause, l’origine du lieu. Au XVIIè siècle, il s’agissait du couvent des petits Augustins, crée par Marguerite de Navarre, la fameuse reine Margot.

A la Révolution Française, les religieux durent quitter le lieu, qui servit aux révolutionnaires pour entreposer les différentes richesses confisquées dans les églises de Paris.

A la fin du XVIIIè siècle, le désormais Dépôt des Petits Augustins est confié à Alexandre Lenoir qui le transforme en Musée des monuments Français. Le Musée public n’est pas, à cette époque, aussi courant qu’aujourd’hui, et ce lieu devient le deuxième après le Louvre.

Le retour de la monarchie fait à nouveau basculer le lieu qui ferme en 1816. La majorité des œuvres est restituée à leurs sites d’origine et le lieu est affecté à l’Ecole des Beaux-arts, créée à ce moment en continuité de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture.

Un architecte est nommé pour la construction de nouveaux locaux et ainsi sortent de terre le Bâtiment des loges, puis le Palais des Etudes. Dans le dernier quart du XIXè siècle, l’école s’étend par le rachat de l’hôtel de Chimay et de ses annexes.

Récemment, l’école a ouvert de nouveaux lieux à St Ouen, afin d’accueillir des ateliers, et une partie des cours y a lieu.

Le très remarquable amphithéâtre, appelé Palais des Etudes, servait notamment aux cérémonies officielles et notamment à la remise du Prix de Rome.

Lors de la soirée, nous avons eu droit, par petits groupes, de venir nous asseoir dans cette enceinte historique, pour assister à un récital lyrique. L’acoustique du lieu est extraordinaire. Son décor également, sur le mur circulaire derrière nous, une peinture de Paul Delaroche qui représente La Renommée distribuant les couronnes.

On ne peut s’empêcher d’imaginer les personnages illustres ayant foulé ces marches. Pour autant, en consultant la liste de tous les premiers prix de Rome depuis sa création (en 1663), force est de constater que beaucoup n’ont pas légué leur nom à la postérité.

Les sélections se faisaient en trois étapes : réalisation d’une esquisse à l’huile d’un thème biblique ou mythologique ; puis étude de nu dans un temps limité, et esquisse et toile finalisée sur un sujet historique imposé à terminer en soixante douze jours.

Une fois ce marathon pictural terminé, si vous receviez le prix de Rome, votre carrière était assurée, commandes royales, postes officiels, etc.

Le prix de Rome n’est plus attribué depuis les évènements de Mai 1968, mais nous n’avons pas pu nous empêcher de nous demander à qui il serait attribué aujourd’hui.

Nous poursuivons notre visite des lieux à l’étage, où on nous ouvre les archives photographiques. On passe devant la porte de la bibliothèque et je regrette de ne pas pouvoir dormir dedans jeter un œil.

L’ancienneté de l’école explique en partie son incroyable fonds documentaire. Certaines photographies historiques sont exposées pour nous, des tirages au gélatino-bromure d’argent, des épreuves sur papier albuminé, des pièces uniques. Devant nos yeux se retrace une partie de l’histoire de la photographie, des photos en mouvements de Muybridge, aux premières prises en noir et blanc de Notre-Dame.

Notre visite se termine par la chapelle, qui contient des reproductions sculptées de chefs d’œuvres, tels que la Pieta de Michel-Ange.

Au-delà des simples visiteurs, il n’est pas donné à tout le monde d’entrer à l’Ecole des Beaux-arts. On postule en général après le bac, et la première étape est un dossier comprenant les travaux artistiques réalisés, ainsi que quelques questions relatives à ses intérêts artistiques et à sa motivation pour intégrer l’école.

Après acceptation du dossier, vient l’épreuve d’admission, où l’on va tester successivement l’aptitude de la candidate/du candidat au dessin ; mais également à la culture générale en arts et la capacité d’analyse d’une œuvre. Enfin, un entretien a lieu avec le jury au cours duquel la/le futur/e élève peut présenter son dossier de travaux personnels, et échanger avec le jury sur son travail et ses projets.

La scolarité dure ensuite 5 années, au cours desquelles les élèves connaitront des enseignements théoriques et techniques leur permettant de préciser leur projet artistique, ainsi que des enseignements plus généraux en histoire de l’art par exemple.

Parmi les artistes connus aujourd’hui ayant étudié aux Beaux-arts, on peut citer par exemple Joann Sfar, César, Carole Benzaken.

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