Les ingrédients d’une foire réussie
Au-delà des musées et des galeries, les foires d’art sont de bonnes occasions de pouvoir admirer des œuvres d’art variées, mais aussi de les acheter si vous le pouvez.
Beaucoup de visiteurs sont là pour la ballade uniquement, et les galeristes sont habitués à la variété des personnes qui viennent sur leurs stands. Pour ma part, j’ai mes préférences parmi celles déjà testées. Pour certaines, j’y vais tous les ans avec régularité, pour d’autres je découvre au fil des opportunités.
Quels sont les éléments qui font d’une foire une réussite ? Quelques pistes issues de mon expérience :
1/ Le lieu
Un peu comme en matière d’immobilier, l’emplacement est important pour qu’on s’y sente bien. Les foires ont souvent lieu dans de grandes villes européennes : Londres, Paris, Genève, Bruxelles, Berlin, mais pas toujours.
Tefaf par exemple, qui est à ce jour pour moi indétrônable en terme de qualité, a lieu à Maastricht aux Pays-Bas, et je suis pourtant prête à faire 6 heures de train aller-retour pour m’y rendre.
Néanmoins, la situation dans une grande ville, facile d’accès, et offrant des possibilités de visites alentour est un avantage indéniable. Je n’avais jamais mis les pieds à Berlin avant de me rendre à Art Berlin l’an dernier. La foire a fourni l’occasion et m’a permis de découvrir la ville par ailleurs.
Au-delà de la ville, le bâtiment qui accueille la foire est important. Les visiteurs, collectionneurs ou simples badauds y passent plusieurs heures, souvent presque une journée, celui-ci doit donc être agréable.
Les anglais sont très forts pour créer des sortes de barnums géants et éphémères au milieu de nulle part, où l’on se sent pour autant coupés du monde. Frieze Masters et Frieze Art Fair par exemple ont lieu dans l’enclos de Regent’s park, séparés par une promenade de 15 minutes au milieu des arbres, des écureuils et des sculptures, dans de grandes structures blanches montées pour l’occasion.
La Fiac a lieu dans l’enceinte majestueuse du Grand Palais, Art Berlin, foire très contemporaine, dans d’anciens entrepôts aéroportuaires aux murs bruts.
Il est important de pouvoir y circuler aisément, que les allées sont dégagées, et le plan aisé à comprendre.
Autre point qui peut paraitre trivial mais qui ne l’est pas tant que ça : les commodités offertes par le lieu sont importantes. Bancs pour s’asseoir et faire une pause, décoration du lieu, points de restauration, points d’eau, etc. Art Basel par exemple, localisée dans la ville de Bâle, offre un très large panel de restaurants à l’étage inférieur du bâtiment, qui participent du bien-être du visiteur.
Beaucoup de foires proposent à la fois des restaurants où l’on peut se poser pour prendre un vrai repas et des stands offrant pâtisseries, snacks, café pour ceux qui aiment manger sur le pouce ou faire une petite pause.
2/ La variété des types de galeries et des œuvres présentées
Certaines foires font le pari de mettre en avant, voire de n’exposer que des galeries nationales. La plupart ouvrent leurs allées à qui peut se permettre de payer son stand. Du point de vue du visiteur, je trouve beaucoup plus agréable de pouvoir avoir au même endroit une grande variété de galeries, à la fois nationales, européennes, voire internationales.
N’ayant pas nécessairement la possibilité de visiter les galeries américaines, sud-américaines, asiatiques, etc, j’apprécie beaucoup de voir les artistes et les œuvres qu’elles exposent sur certaines foires.
Certaines foires ont également des focus de spécialités d’œuvres ou de périodes. Paris Photo par exemple ne présente que de la photographie. Frieze se divise entre Frieze Masters et Frieze Art fair, la première regroupant des galeries d’antiquités, de manuscrits, d’œuvres médiévales, asiatiques, modernes et post-modernes ; alors que la deuxième se concentre sur le contemporain exclusivement.
D’autres regroupent toutes sortes de spécialités mais dans des espaces délimités, comme Tefaf par exemple.
Mes goûts étant éclectiques, je ne suis pas perturbée de voir cohabiter des objets votifs égyptiens et des œuvres vidéos.
3/ Le vetting
Peut être le plus important critère de qualité d’une foire, son vetting, c’est-à-dire le contrôle des objets présentés sur la foire par un comité de spécialistes. Plus celui-ci est exigeant et réputé, plus la confiance des potentiels acheteurs est grande. En France, la Biennale des Antiquaires a souffert entre autres ces dernières années d’affaires de faux vendus par des galeristes français. Il suffit parfois d’un cas, largement médiatisé pour que la confiance des acheteurs s’effrite.
Autre problème, les membres du comité de vetting sont souvent eux-mêmes des marchands, ce qui les place dans une position délicate de conflit d’intérêt. Ce problème a été pris en considération par la Tefaf par exemple, qui a confié son vetting à des experts indépendants.
4/ Le renouvellement d’une année sur l’autre
Parmi les foires auxquelles j’assiste tous les ans, figurent entre autres la Biennale des antiquaires, la Fiac, Tefaf, Art Basel, Frieze, Art Geneve, la Brafa, Masterpiece. A force d’arpenter les allées de ces foires et les stands des galeries présentes, force est de constater que certaines œuvres nous paraissent familières. Et pour cause, les galeries ne pouvant pas renouveler sans cesse leurs stocks, elles présentent parfois la même œuvre à deux voire plus foires par an.
Certaines galeries, notamment contemporaines, adoptent la position contraire et ciblent leurs œuvres en fonction du public présent sur chaque foire.
Ma plus grosse déception en la matière a sans doute été la dernière édition de la Brafa à Bruxelles, où les galeries présentes en 2018 et 2019 étaient quasiment les mêmes et au même endroit, ce qui donnait une déplaisante impression de déjà-vu. Nécessairement, les œuvres présentées étaient en sus parfois les mêmes.
5/ Les petits plus
On ne se déplace pas pour ça, mais c’est toujours appréciable.
Parmi ces petites cerises sur le gâteau, je citerais les animations présentes sur la foire, c’est à dire parfois la présentation de performances, comme c’est souvent le cas à Frieze; ou encore l’existence de visites guidées par des conférenciers, ou surtout, mes préférés, des « talks » ou discussions organisées autour de sujets relatifs à l’art. Ils permettent de faire la connaissance de personnalités du monde de l’art, d’artistes, de collectionneurs, de start-ups.
Tous ces points influent sur le public attiré par certaines foires, et la fréquentation, qui varie selon les événements.